March entering Vienna

March entering Vienna
Civil March for Aleppo entering Vienna

Monday, June 26, 2017

Se réjouir de la mort d'un homme

Kaman, Turquie, 514km de Gaziantep, 615km d'Alep
Un énorme chien au bout d'une courte chaîne aboie aux voitures au loin. Un chiot en liberté lui tourne autour. Probablement sa progéniture. J'allais dire son fils mais ça fait trop humain. Un pot en plastique lui sert d'ecuelle pour l'eau, un autre est rempli de vieux pain. Dernière l'abri qui lui sert de niches, un hamas de déjections, de ferrailles, de restes en tout genre. En cette fin de journée, le soleil continue à cogner. La bête n'a que l'ombre de sa tanière pour s'en protéger. Autant dire qu'il a le choix entre une étuve et un soleil de plomb. Et cinq mètres de chaîne au mieux pour déambuler. La fenêtre de ma chambre d'hôtel surplombe la scène. Alors, je vais voir le proprietaire, tente de lui expliquer que son chien a comme lui, droit à la liberté. Nous nous rendons avec les jeunes employés de l'établissement auprès du chien. Par gestes, je leur fait comprendre que la chaîne de l'animal est bien trop courte. Il ne veulent pas comprendre, rigolent, et, tandis que je caresse la bête, ils retournent à leur occupation. Le lendemain, avant de partir, je retourne le voir, passe par les cuisines où deux cuisiniers, un homme et une femme, découpent une pièce de viande. Mais là encore, incompréhension, indifférence. Un autre chien de même race, tout aussi docile et encore plus impressionnant vit dans les mêmes conditions, attaché à un tronc d'arbre, tout près des cuisines. À quelques dizaines de mètres l'un de l'autre, deux victimes de la connerie humaine. Je repasse près des deux cuisiniers affairés, couteaux en main, à dépecer chair et muscles. Envie de meurtre.
France Inter en podcast. Eric Fromé se moque en chanson de la mort d'un toréador. Ça console, mais très peu. Marcher pour la Syrie ou bien marcher pour les animaux ou bien marcher pour la Nature, ou tout simplement marcher pour le respect de la Vie ?





Monday, June 12, 2017

La dernière ligne droite

Voici maintenant 32 jours que j'ai quitté la Marche et continue seul en direction d'Alep. Le but est toujours le même : montrer aux victimes de la guerre en Syrie que nous ne sommes pas indifférents à leur drame et le prouver en effectuant jusqu'à eux un pèlerinage avec pour objectif ultime de leur serrer la main, les toucher, leur donner l'accolade. J'emporte avec moi toutes les personnes rencontrées sur la route, dans le froid de l'hiver - en Allemagne, en République tchèque, en Autriche, en Slovénie, en Croatie, dans la douceur du Printemps - en Bosnie, en Serbie, en République de Macédoine, dans les premières chaleurs de l'été - en Grèce et aujourd'hui en Turquie. J'aimerais croire que la Marche Civile me rejoindra à Gaziantep mais le choix de leur itinéraire et leur indécision me laisse songeur. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une poignée à faire la route en Bulgarie dans l'attente illusoire d'une autorisation à traverser la Turquie en tant que mouvement pacifiste. Et si jamais il restait encore quelques Marcheurs parmi eux dans les prochaines semaines, combien de temps leur faudra-t-il pour rejoindre la frontière syrienne ?
Les syriens n'en peuvent plus d'attendre.
Et moi, je compte bien rentrer dans les Corbieres avant la fin de l'été. Alors je continue mon petit bonhomme de chemin avec dans mon sac à dos ce précieux tissus couvert d'empreintes de mains d'enfants italiens. Je voudrais également le drapeau de la Marche Civile. Le faire flotter à Alep au nom de tous les marcheurs, de tous les donateurs, les bénévoles, les volontaires qui ont et continuent de participer à la Marche. Le faire en leur nom, en notre nom, pour la paix en Syrie et l'arrêt des massacres depuis maintenant six ans, devenus quotidiens.

Le carnet dans lequel je collecte des empreintes de main pour les enfants de Syrie,